2008 – 2009
Wassernauts
Février 2008 – Mars 2009
Le dispositif :
Une cuve de 200x60x50 cm installée dans notre appartement. De l’eau du robinet entre 24 et 35°.
Un éclairage artificiel.
Un boîtier numérique et un autre boîtier argentique.
Chaque baigneur est convié à s’immerger habillé, nous ne donnons aucune autre directive.
La démarche :
Recueillir des mouvements, des expressions, des informations bruts d’anonymes. Trouver un cadre où le sujet n’aurait pas de repères auxquels se rattacher et le pousser ainsi à s’exposer, à nous révéler de l’inconnu, de l’inattendu, à nous dévoiler sa sensibilité. Le regard, ici, n’est plus le centre expressif, le corps entier nous livre des informations sur le sujet. L’eau, le fil de l’eau sont autant de pistes pour nous aider à re-connaître l’autre.
Le premier milieu : l’eau lien immanent
Nous attendons de ce dispositif qu’il révèle de l’originel, du primitif, de l’universel, mais aussi l’empathie chez l’autre qui regarde. Ramener le sujet avant le début de notre humanité, re-contacter avec l’Origine. Les plonger dans l’eau, pour mieux s’immerger en soi.
Nous n’avons pas la maitrise de ce qui se déroule face à nous, l’eau s’impose.
Le baigneur ne nous distingue pas et ne nous entend pas, il est donc impossible pour nous de le diriger. Le volume et la pression de l’eau font que le sujet est tout occuper à trouver sa place dans ce milieu. Il ne pose pas et il n’est jamais immobile, nous déclenchons régulièrement pour ne rien perdre de cette lutte-ballet.
Faire de l’être humain une chose rare presque sacrée.
Isolés dans ce caisson d’eau, les wassernauts ressemblent aux sujets d’une expérimentation. Ces corps qui flottent à la verticale pourraient être les vestiges d’une époque révolue, d’une espèce disparue : des spécimens soigneusement gardés et protégés.
Le sacré est donné par la verticalité. Les mouvements du corps adoucis par la résistance de l’eau confèrent au wassernaut une certaine spiritualité, une élévation.
Le pivotement de l’image, le passage de l’horizontal à la verticale évoque notre évolution, notre passage de l’eau à l’air, notre sortie de l’eau.
Le choix des images :
Sélectionner les images non pas pour la photogénie du sujet, mais pour leur puissance et leur richesse évocatrice.
Nous discutons avec un psychanalyste qui nous recommande un livre qui alimente notre projet : THALASSA, ESSAI SUR LA THÉORIE DE LA GÉNITALITÉ de Sandor Ferenczi, chapitres 6 et 7 (reproduit pour l’expo).